Connaissez-vous cette technique artistique japonaise qui consiste à réparer des poteries cassées en les ressoudant avec de l’or ? C’est le Kintsugi. Cela permet de rendre visibles et de magnifier toutes les fêlures. Quelle beauté !
L’analogie est si simple.
Souvent nous cherchons à cacher nos cicatrices corporelles ou psychiques. Elles peuvent être douloureuses ou jugées inesthétiques. Elles nous renvoient aussi parfois à des moments que l’on préférerait oublier. Qu’il s’agisse de maquillage, de chirurgie, ou de vêtements, on essaie de cacher au regard de l’autre, et au sien, ces traces de notre passé. Par de l’humour, de la rage, ou une distance, on se crée une armure censée nous protéger.
C’est un pansement posé sur la plaie, mais dessous tout reste à vif.
Ces blessures nous constituent. Elles font de nous les personnes que nous sommes, plus fortes ou plus fragiles, robustes ou sensibles. Quoiqu’il en soit marquées. Alors pourquoi les camoufler ? Considérer ces marques sur nous et en nous pour ce qu’elles sont, les magnifier, les faire siennes pour se reconnaître à soi-même… Quelle ressource !
Regardez vos cicatrices. Elles racontent votre histoire.
Je me rappelle de chacune des miennes. Toutes, elles m’ont appris sur la vie et sur moi-même. Certaines sont liées à des moments forts de mon existence, à mon identité. Dans mon corps, au fond de mon cœur ou de mon âme, quelques-unes me font encore souffrir. Pourtant je ne les renie pas. Elles ont fait de moi la femme que je suis. Leur apparence, leur chronologie, c’est moi.
Aujourd’hui je les regarde autrement. Je ne voudrais pas les faire disparaître même si l’esthétique est discutable ou que l’émotion est pénible. Et si on les rendait visibles en les recouvrant d’or, vous verriez apparaître la carte de ma vie.
Les cicatrices, stigmates de blessures internes, externes, psychiques ou émotionnelles, font de vous la personne que vous êtes. Regardez-les autrement, elles peuvent aussi vous embellir.